Déclaration à propos de la Journée internationale de la femme

Dr Zeda F. Rosenberg, directrice générale du Partenariat international pour des microbicides (IPM)

(Le 8 mars 2007) SILVER SPRING, MD – De nombreuses nouvelles, à la fois bonnes et mauvaises, ont vu le jour au cours des derniers mois, au sujet des nouvelles technologies en cours de recherche pour la prévention du VIH. On a assisté à l’apport de nouvelles données indiquant que la circoncision masculine pouvait réduire de manière significative le risque d’infection des hommes, ainsi qu’au lancement du premier essai d’efficacité d’un vaccin en Afrique. Il s’agit là d’événements prometteurs.

Toutefois, la nouvelle d’arrêt précoce des essais d’un microbicide candidat nous donnait à réfléchir. Cette décision a fait suite à des inquiétudes selon lesquelles le produit en question pouvait conduire à un risque accru d’infection par le VIH, chez les femmes l’utilisant. Finalement cette semaine, les chercheurs ont annoncé qu’en dépit des avantages de la circoncision masculine, cette procédure ne semblait pas protéger les partenaires féminins des hommes circoncis infectés par le VIH, du moins au court terme.

Malheureusement, une fois toutes ces nouvelles rassemblées, les femmes demeurent, pour la plupart, sans protection réelle contre la maladie. On sait déjà que l’approche actuelle « ABC » (Abstinence sexuelle, Bâtir une relation fidèle avec un partenaire et utiliser des Condoms) s’est révélée insuffisante pour la protection de nombreuses femmes. L’abstinence n’est pas une option réaliste pour de nombreux adultes, en particulier pour ceux qui sont mariés ou dans des relations à long terme. Une femme peut ne pas être en mesure de convaincre son partenaire d’utiliser des condoms ou bien il est possible que la femme et son conjoint souhaitent avoir des enfants, ce qui n’est pas possible en pratiquant l’abstinence ou en utilisant des condoms. De plus le respect de fidélité envers son mari ne peut pas protéger une femme dont le mari n’est pas monogame.

Les femmes ont désespérément besoin d’options de prévention en plus de la méthode ABC. Nous avons l’obligation de fournir aux femmes de meilleurs outils leur permettant de se protéger contre ces dangers. L’innovation dans le domaine scientifique est difficile à réaliser et imprévisible et nous devons constamment garder à l’esprit le fait que la grande majorité des interventions entreprenant le processus de développement finisse par échouer. Cependant quand le succès arrive finalement, des millions de gens en profitent. Le développement d’un microbicide sûr et efficace que les femmes pourrait utiliser pour prévenir une infection par le VIH représenterait un jalon important dans notre réponse à l’épidémie du sida.

À l’occasion de cette Journée internationale de la femme, alors que nous célébrons les forces et les progrès des femmes, il est de notre devoir de nous engager à faire davantage pour les protéger contre l’infection par le VIH. Nous tous, qui participons à la prévention du VIH — depuis les chercheurs scientifiques des laboratoires jusqu’aux ministères de la santé, depuis les donateurs internationaux jusqu’aux éducateurs communautaires en matière de santé et, plus important encore, les dizaines de milliers d’hommes et de femmes qui participent en tant que volontaires aux essais cliniques — devons redoubler nos efforts pour nous assurer que les femmes, en particulier, bénéficient d’un éventail d’outils sûrs, efficaces, accessibles et d’emploi facile pour qu’elles puissent se protéger elles-mêmes contre cette maladie dévastatrice. Nous devons continuer à étendre le pipeline de microbicides avec les médicaments les plus efficaces et en déterminer l’innocuité et l’efficacité auprès des femmes, le plus rapidement possible. Franchir la prochaine étape dans la lutte contre le sida signifie agir en fonction de l’adage selon lequel ce qui est bon pour les femmes les plus vulnérables au monde est en fait bon pour nous tous.