Des microbicides sont nécessaires de toute urgence : La directrice générale de l’IPM Zeda Rosenberg réagit aux nouvelles statistiques sur le sida

Le Programme commun des Nations Unies sur le sida (ONUSIDA) fait le point sur l’épidémie, 2004

Zeda Rosenberg, Sc.D., directrice générale du Partenariat international pour des microbicides (IPM), a fait connaître sa réaction au rapport de l’ONUSIDA et de l’Organisation mondiale de la santé, Le point sur l’épidémie de sida 2004.

Les femmes sont le nouveau visage que prend le sida. Dans le monde, près de la moitié des 37,2 millions d’adultes qui vivent avec le VIH se compose à présent de femmes – une proportion qui était de 41%, il y a seulement sept ans. Le rapport publié aujourd’hui démontre que les femmes et les filles sont de plus en plus affectées par la maladie, dans chaque région du monde, et que l’épidémie continue de s’amplifier.

Les méthodes préventives actuelles ne sont pas suffisantes. Pour que les femmes et les filles aient réellement la possibilité de se protéger, la meilleure avenue qui s’offre à nous est le développement rapide de nouvelles technologies de prévention du VIH, comme des microbicides, dont le contrôle appartiendra aux femmes.

Les gouvernements du monde entier doivent intensifier de manière radicale leurs investissements dans la recherche et le développement de microbicides, compte tenu des récentes statistiques sur la situation de l’épidémie et ses répercussions sur les femmes et les filles. L’industrie pharmaceutique doit aussi continuer de faire preuve de leadership et de rendre disponibles, pour ces recherches, de nouveaux agents antiviraux dont la capacité microbicide doit être testée. Découvrir un microbicide est crucial à l’atteinte des Objectifs de développement du Millénaire.

Si l’on parvient à mobiliser un investissement mondial additionnel d’un milliard $ US (771 millions €), des microbicides pourraient devenir disponibles pour les femmes des pays en développement d’ici cinq à dix années et contribuer à sauver quelque 2,5 millions de vies en 3 ans.

Le rapport de l’ONUSIDA montre que, depuis 2002, le nombre de femmes vivant avec le VIH/sida a augmenté dans toutes les régions du monde. La hausse la plus marquée s’observe en Asie de l’Est (augmentation de 56%), suivie de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale (jusqu’à 48% d’augmentation). Aux États-Unis, le sida fait partie des trois principales causes de décès de femmes de race africaine âgées de 35 à 44 ans. Les taux d’infection parmi les jeunes femmes sont particulièrement élevés. Au Kenya, pour 20 jeunes hommes séropositifs au VIH, on compte 45 femmes qui le sont. En Afrique subsaharienne, 76% des jeunes (de 15-24 ans) vivant avec le VIH sont des femmes de moins de 20 ans.

Les microbicides

On appelle microbicide une substance capable de tuer ou d’immobiliser le VIH (le virus responsable du sida). On procède actuellement à leur développement sous forme de gelée ou de crème, ou comme ingrédients contenus dans une éponge ou un anneau intra-vaginal qui libérerait le produit sur une période de plusieurs jours ou semaines. Un microbicide offrirait à la femme un moyen de se protéger contre le VIH, en permettant de réduire des écarts fondamentaux qui rendent de nombreuses femmes particulièrement susceptibles de contracter cette infection.

L’IPM

L’IPM a pour but de fournir un microbicide sûr et efficace, le plus tôt possible, aux femmes des pays en développement. Il identifie les technologies les plus prometteuses et il investit ses ressources afin d’aider à en faire des produits que l’on pourra utiliser chez l’humain. À la lumière des progrès de la science, et de l’identification de plusieurs agents microbicides potentiels, on pourrait parvenir à la mise au point d’un microbicide d’ici à la fin de la décennie. L’IPM est dirigé par Dre. Zeda Rosenberg, sa directrice générale, microbiologiste diplômée de l’Université Harvard et militante pour la santé publique.

Les bailleurs de fonds de l’IPM sont notamment les gouvernements du Danemark, de l’Irlande, des Pays-Bas, de la Norvège et du Royaume-Uni, ainsi que la Fondation Bill and Melinda Gates, la Fondation Rockefeller, la Banque mondiale et le Fonds des Nations Unies pour la population. En 2004, l’IPM a ratifié des ententes avec Tibotec Pharmaceuticals Ltd., une filiale de Johnson and Johnson Inc. en Belgique, ainsi qu’avec GlaxoSmithKline, respectivement pour le développement et la sélection de composés aux propriétés microbicides.